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Le Roman de Gillion de Trazegnies de Louis de Gruuthuse


Publié le 15/10/2013 dans la catégorie Histoire & patrimoine



L’histoire raconte que Gillion ne peut avoir d’enfants de Marie, sa femme. Pour remercier Dieu de lui accorder enfin une descendance, Gillion part à Jérusalem où il est fait prisonnier, mais il est sauvé de la mort par Gratienne, la fille du sultan du Caire, qui s’éprend de lui. En Hainaut, Marie a des jumeaux, Jean et Gérard, et quatorze ans passent ; Gillion ne revient pas et, se croyant veuf, il épouse Gratienne, la fille du sultan, alors que les jumeaux partent à sa recherche en Orient, (dans le texte l'Orient du Moyen Âge des croisades). Ils le retrouvent enfin et lui disent que leur mère est toujours vivante. Il revient au pays, avec ses fils et Gratienne convertie. Les deux femmes entrent au couvent et y restent jusqu’à leurs derniers jours tandis que Gillion, appelé par le sultan, repart en Orient et meurt dans un combat. Son cœur est enterré en Hainaut auprès de ses deux femmes.

Le roman n’est pas une commande familiale des Trazegnies, mais une commande officielle de l’entourage du duc de Bourgogne. Ce roman s’inscrit dans le courant littéraire de l’époque et sert la propagande du duc Philippe le Bon : « Gillion de Trazegnies » se veut historique, comme les autres biographies chevaleresques du temps. Les différents propriétaires des cinq manuscrits du roman renseignent sur le public visé : noblesse hennuyère et bourguignonne, et public clérical. À travers l’apologie des Trazegnies, c’est toute la cour de Bourgogne qui est glorifiée dans le roman.

L’exemplaire ici présent est daté de 1464 et de dimension, 375mm par 262mm, a été copié pour Louis de Gruuthuse, courtisan, diplomate et bibliophile à Bruges. Le volume fait 237 pages et contient 44 lettrines historiées et 8 miniature en demi-page de la main de Lieven Van Lathem, peintre de la guilde de Gand et d’Anvers, à partir de 1460, auteur de nombreuses illustrations de manuscrits de la cour de Bourgogne.

Le manuscrit a eu comme illustres propriétaires les Rois de France, Louis XII et François Ier, avant d’appartenir à la collection particulière du Duc de Devonshire à Chatsworth en Angleterre et d’être mis en vente chez Sotheby’s le 5 décembre 2012 où il a été acheté par le Getty Museum.