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Page incipit Saint Luc de l’Evangile de Saint-Vaast


Publié le 06/10/2013 dans la catégorie Création d’une œuvre



Le texte de ces Evangiles de Saint-Vaast est écrit en onciale à l’encre brune. La décoration comprend quinze Tables des Canons et deux miniatures qui se répondent pour chaque évangile, représentant au verso la Vocation de l’Evangéliste et au recto le portrait de l’Evangéliste auteur de l’Evangile, qui suit. Les miniatures sont suivies d’un incipit orné d’un cadre et, en face, d’une page à initiale. Les incipit sont écrits en capitales d’or et les intervalles entre les lignes sont décorés de motifs essentiellement végétaux. Les initiales sont rehaussées d’or et de couleurs. Les deux premières pages du texte de l’Evangile  sont en lettre d’argent sur fond pourpre ornée d’un cadre. Les miniatures figuratives des Evangélistes sont inspirés de modèles paléochrétiens, qu’on retrouve dans les manuscrits orientaux, tandis que l’exubérance très développé des bêtes souplement entrelacées qui garnissent le fond de l’initiale de l’incipit sont caractéristiques du style franco-saxon des manuscrits de l’Abbaye de Saint-Vaast, près d’Arras. L'Ecole franco-saxonne réunit deux caractéristiques : d'une part, la clarté et la beauté de l'écriture classique dans la forme franco-carolingienne, et d'autre part, l'ornementation insulaire en entrelacs, dans laquelle les éléments géométriques sont combinés avec des motifs végétaux et zoomorphes. Ces deux éléments se marient l'un à l'autre dans de grandes initiales pareilles à des corps, dotés de pieds et d'articulations et surmontés de têtes de chiens ou d'oiseaux. Il est communément admis que le centre de cette école se situe dans l'abbaye bénédictine de Saint-Amand avec des groupes secondaires autour de Saint-Bertin et Arras. Ce scriptorium, proche de la production des ateliers contemporains qui ont crées des bibles pour Charles le Chauve, a maintenu son propre langage ornemental à base d’accumulation d’éléments ornementaux colorés où le foisonnement l’emporte sur la mesure. La page reproduite ici représente l’initiale Q(uonia)m  suivi du texte quidem multi conatisunt ordi(nare) qui est en latin le début du texte de l’évangile de Saint Luc.

Modèle original : Folio 127r du Manuscrit Cim.2 de la Bibliothèque Kapitulini Knihonva de Prague. Abbaye de Saint Vaast , fin du IXe siècle. Parchemin, 348 x 255 mm.

Cf. Florentine Mütherich & Joachim E.Gaehde – Peinture Carolingienne. Editions du Chêne 1977.